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Grogne des agriculteurs : derrière la question des revenus, des situations qui varient très fortement
information fournie par Boursorama avec Media Services 25/01/2024 à 14:11

Prix des matières premières, conditions météorologiques, négociations avec les industriels... Les facteurs qui influent sur les revenus des agriculteurs sont nombreux.

( AFP / SYLVAIN THOMAS )

( AFP / SYLVAIN THOMAS )

Parmi de nombreuses thématiques, la question des revenus est centrale chez les agriculteurs qui se mobilisent dans toute la France depuis quelques jours. Entre viticulteurs et éleveurs bovins, au gré des fluctuations des marchés, de la météo ou des crises sanitaires, les situations varient toutefois fortement.

Mesurer la rémunération des exploitants, non salariés, est difficile "car elle provient à la fois de leur travail mais aussi du capital investi dans l'exploitation, comme les terres louées à d'autres agriculteurs", souligne Nathalie Delame, spécialiste du revenu des agriculteurs à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae).

Le revenu des ménages agricoles peut aussi être complété par le salaire d'un conjoint ou une activité complémentaire, ou bien minoré pour payer moins de charges sociales par exemple. Les données disponibles font en tout cas état d'écarts de revenus très importants en fonction de la production.

Le revenu courant avant impôt par exploitant, qui mesure la performance économique de la ferme, s'élevait en moyenne en 2022 à 56.014 euros selon les derniers chiffres disponibles du service statistique du ministère de l'Agriculture, Agreste. Ce montant s'élevait à 124.409 euros pour les éleveurs porcins , qui ont bénéficié cette année-là d'une forte hausse des prix du porc, à 78.590 euros pour les viticulteurs , mais à 26.601 euros pour les éleveurs de bovins viande et à 19.819 euros pour les éleveurs de chèvres et brebis.

Prix de ventes, intempéries, volumes...

Ces chiffres "évoluent d'une année à l'autre, le premier facteur étant les prix à la sortie de l'exploitation", relève Nathalie Delame. Et ces derniers peuvent être négociés avec une coopérative, un distributeur, les marchés mondiaux ou en vente directe aux consommateurs. "Le rapport de force est très différent (en fonction de l'interlocuteur) et dix agricuteurs dans une même production ne vont pas avoir les mêmes prix", souligne l'experte.

À cela s'ajoutent les intempéries -le gel, l'orage, une sécheresse- ou les crises sanitaires, "qui introduisent des incertitudes sur la valeur de la production mais aussi sur le volume", ajoute-t-elle. Les subventions quant à elles sont intégrées au chiffre d'affaires des exploitations. Leur existence "permet d'avoir moins de revenus négatifs" parmi les fermes en difficultés, indique Nathalie Delame.

Selon Agreste, une fois le remboursement des emprunts et les cotisations sociales de l'exploitant déduits, le solde disponible par exploitant était en moyenne en 2022 de 49.580 euros, en hausse de 30% par rapport à 2021, après une augmentation de 60% l'année précédente. Ces deux années ont été marquées par la flambée des prix des céréales.

Les chiffres ne sont pas disponibles pour 2023 mais Agreste a déjà indiqué que l'année avait été globalement moins florissante pour les agriculteurs. Selon une autre source statistique, l'Insee, le revenu mensuel moyen d'un exploitant était en 2021 de 1.860 euros, soit moins que le salaire net moyen de 2.524 euros des employés du secteur privé.

18% des ménages agricoles sous le seuil de pauvreté

Là aussi il était très variable en fonction de la production : 2.760 euros pour les viticulteurs, 2.150 pour les producteurs de céréales grandes cultures, 1.480 euros pour les éleveurs de bovins et 680 euros pour les éleveurs de chèvres et brebis.

Dans un autre rapport, l'Insee a aussi calculé qu'en 2018, 18% des ménages agricoles vivaient sous le seuil de pauvreté , contre 13% des ménages ayant des revenus d'activité.

Toutefois leurs conditions de vie sont en général plus favorables, puisqu'ils possèdent souvent leur logement et peuvent parfois consommer leur propre production. Résultat : en "conditions de vie", le taux de pauvreté des ménages agricoles était de 6,1% contre 11,7% des Français en moyenne.

L'Insee remarque aussi que seul un tiers des ressources totales des ménages agricoles provenait alors de l'activité agricole, le reste venant de salaires, celui du conjoint ou d'un deuxième travail, d'une autre activité comme le tourisme à la ferme, et/ou de revenus du patrimoine.

4 commentaires

  • 25 janvier 15:12

    Si la subvention net impôt de la PAC était comptabilisée dans le revenu net, on aurait des surprises Il suffit de se connecter sous le site telepac.agriculture.gouv.fr pour voir par commune les sommes versées.


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